sommaire

Un incroyable voyage

 Nouvelle écrite avec l'écrivain Abdelkader Djemaï

Par une belle nuit d’hiver, Petit Flocon dormait dans son lit. Il aimait beaucoup lire les livres de géographie et d’aventures qu’il empruntait à la bibliothèque de Ban-de-Laveline. Il rêvait de soleil, de sable, de baobabs et de girafes plus hautes que le sapin où il habitait. Comme les cigognes d’Alsace, il prit alors le premier vent pour l’Afrique.

 En traversant la Méditerranée, il eut tout à coup chaud. Il commença à suer. Il avait peur de fondre comme un cornet de glace. Il se rappela alors ce qu’il avait appris dans les livres de géographie : il pouvait aller au Kilimandjaro. C’est un volcan qui se trouve au Kenya et son sommet atteint 5 963 mètres. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, il est recouvert de neige. Petit Flocon se roula dedans pour fortifier son corps et rester toujours en forme. Puis, il se reposa. Il pouvait maintenant se rendre dans n’importe quelle région d’Afrique. Il décida ce jour-là de visiter le désert du Kalahari.

 Recouvert de grandes dunes de sable gris et roux, on y trouve aussi des plantes épineuses, des acacias et des baobabs. On y rencontre des animaux comme les autruches et les mangoustes, qui ressemblent aux belettes et qui vivent en colonies dans des terriers. Quand l’eau manque, ses habitants, qu’on appelle les Boschimans, utilisent les plantes réservoirs, comme le melon « tsama » et la racine « bi ».

 Pour se nourrir, ils chassent avec des flèches empoisonnées au venin d’insecte. Les femmes et les enfants cueillent les plantes et les larves. Vivant en petits groupes dans des huttes de branches et de pailles, ils sont surtout actifs pendant la fraîcheur de l’aube et du crépuscule. Nomades comme les Pygmées, ils respectent beaucoup la nature.

 Un soir, Petit Flocon arriva dans un petit village où tout était silencieux et triste. Jakanda, la fille du chef était très malade. Rien ne pouvait la guérir à part une plante rare et miraculeuse nommée Malouagui.

 Le Vieux Sage demanda alors au flocon qui pouvait voyager comme il le voulait, de la leur ramener. Elle ne poussait et ne fleurissait que dans une contrée très lointaine où les Boschimans ne pouvaient pas aller : la forêt équatoriale.

 Deux jours plus tard, il atterrit sur un fromager et rencontra alors le peuple des Pygmées.

 De petite taille, ils vivent presque nus entre le Zaïre, le Gabon et le Cameroun. Leurs ancêtres habitaient près des sources du Nil. Leurs habitations sont faites de branches et ils pratiquent la pêche, la cueillette et la chasse avec des arcs, des lances, des filets…

 Lorsqu’il y a un mort, les Pygmées « l’enterrent » dans le creux d’un arbre. Le flocon vit qu’ils avaient aussi des statues en bois, des totems qui représentaient souvent des animaux. En cas de malheur ou de danger, ils demandent la protection de la nature qui est comme leur mère. Ils la respectent et la célèbrent par des chants et des danses.

 Ils sont aujourd’hui moins de 200 000.

 Petit Flocon fut accueilli très chaleureusement par deux femmes. Il leur demanda s’il pouvait rencontrer le chef du village.

-         Bien sûr, dit la plus jeune.

-         Je m’appelle Petit Flocon, dit la boule de neige.

-         Et moi Maya.

Ils se dirigèrent vers une cabane ronde faite de branches et de coquillages. Maya le fit entrer.

- Bonjour, dit Petit Flocon à l’homme qui était assis sur un tapis. Je vais vous expliquer ma visite. Et il raconta tout au chef qui s’appelait Baba Yoyo.

Baba Yoyo l’invita à partager son dîner : du poisson fumé, quelques légumes inconnus, des racines fraîches. Tout en mangeant, il l’informa que pour posséder cette plante rare, il lui faudrait affronter une épreuve. Il accepta.

A l’aube, Petit Flocon prit le chemin de la jungle où se trouvait le médicament qui sauverait Yakanda. Il arriva dans la matinée près d’une clairière où se dressait une grotte sombre et humide gardée jalousement par de gros serpents. Tout au fond, Malouagui, la plante miraculeuse, brillait, étincelait de mille étoiles. Il fit quelques pas et ressentit une terreur glaciale lui parcourir le corps. « C’est de la folie, je ne peux pas y aller ». Mais il devait le faire pour respecter sa promesse et sauver Yakanda.

Peu à peu, il retrouva son sang-froid et vit au loin un lac entouré de roseaux. Il eut soudain une idée lumineuse. Il coupa un roseau et le tailla en flûte. Il souffla dedans, joua une mélodie, et les serpents devinrent très gentils. Petit Flocon leur expliqua pourquoi il était venu. Alors, les serpents lui offrirent avec plaisir la Malouagui.

Petit Flocon revint chez ses amis les Pygmées pour les remercier de leur accueil. Puis, fatigué et heureux, il retourna vite chez les Boschimans. C’est ainsi que Yakanda échappa à la mort. Tout content, le Vieux Sage mit la plante miraculeuse dans le sable et une minute après tout le village vit au loin des nuages qui arrivaient au-dessus du désert. Les nuages étaient noirs. Petit Flocon se demanda si ce n’était pas un orage. La pluie tomba en tempête. Il y eut alors une averse qui produisit un fleuve ou un torrent, il n’aurait su le dire. Comme par magie, des arbres, des oasis et des arcs-en-ciel commencèrent à fleurir. Les animaux et les gens étaient heureux. Ces derniers organisèrent le lendemain une très grande fête. Femmes, enfants, adultes, jeunes ou vieux, tout le monde se mit à danser autour de la plante et du flocon. Il était tellement joyeux qu’il n’arrêtait pas de virevolter, de tourner, de tourbillonner jusqu’à ce qu’il tombe du sapin où il dormait et se retrouve sur la neige, en sueur, dans les Vosges. Eh oui, il avait rêvé. Il rêvait encore de la chaleur de l’Afrique, des bonheurs qu’il avait partagés avec les Boschimans et les Pygmées. Il avait vécu de merveilleux moments. D’ailleurs, il y retournera la prochaine nuit.

sommaire